Le concept de classe virtuelle a plus d’une dizaine d’années, mais son application ressemble à un ersatz aux arômes artificiels de classe ! À se contenter de la pâle imitation de ce que pourrait être une classe véritablement “virtualisée”, à s’intéresser au passage à la seule réduction des coûts, ce format pédagogique peine à se voir adopter par les formateurs, et a fortiori par les collaborateurs.
Pourtant la classe virtuelle est plus que jamais appelée à un grand avenir grâce au déploiement de technologies vidéo et de bandes passantes toujours plus performantes.
J’ai posé deux questions à nos formateurs internes : quel est le facteur clé de succès d’une classe ? qu’est-ce que le virtuel (associé à la formation) ? À la première, ils répondent que la capacité d’interagir avec son public est essentielle au bon transfert de la connaissance et à son application (les objectifs poursuivis par tout service formation). À la seconde question, l’unanimité s’est faite sur l’usage d'une classe virtuelle qui simulerait au mieux le monde réel.
Ces réponses mettent en évidence l’écart entre la classe virtuelle telle qu’elle est actuellement utilisée dans la plupart des entreprises et ce qu’elle devrait être. Car il est difficile d’installer de l’interactivité entre un formateur et son auditoire si, par exemple, les webcams ne sont pas activées ! Sauf à considérer que les langages corporels et les milliers d’expressions qui passent sur les visages ne comptent pour rien dans le degré de compréhension et d’engagement des apprenants. Par ailleurs si la classe virtuelle doit simuler la classe de cours dans le monde réel (en admettant cette fois qu’on puisse se voir à distance), comment le formateur peut-il s'initier aux comportements et techniques lui permettant de rendre cette simulation aussi réelle que possible ?
Tant qu'on n'aura pas répondu à ces deux impératifs, les classes virtuelles continueront à délivrer de l’information descendante plutôt qu’une formation à proprement parler.
Dans ce domaine il est donc prioritaire de réactualiser les normes (pédagogiques, techniques), à l'instar de ce que proposent les programmes HBX Live de la Harvard Business School (consultables sur YouTube) : le formateur voit ses étudiants comme il les verraient dans une vraie classe et peut interagir avec eux… À tomber de son siège pour qui n'a jamais suivi qu'une classe virtuelle descendante !
Pour autant, si HBX Live illustre ce vers quoi nous devrions tendre, il ne répond pas aux impératifs de portabilité et de coûts qui s'imposent aux services formation. À Medtronic, avec des formateurs répartis sur toute la zone EMEA et un budget revu annuellement au millimètre par la finance, il est inenvisageable d’investir plusieurs dizaines de millions de dollars dans un centre de diffusion fixe ressemblant à celui de la Harvard Business School.
La vision reste toutefois pertinente ! Après benchmarking de plusieurs technologies via des pilotes, et montée en compétences comportementales et techniques de nos formateurs, nous avons commencé le déploiement d'une infrastructure portable et d'un coût raisonnable qui viendra en appui des cours traditionnels délivrés dans notre centre de formation, dans une approche plus efficacement blended que jamais.
Un dernier clin d’œil à ceux qui voient la classe virtuelle dans le prisme des réductions de coût : durant 5 mois, les pilotes seuls ont déjà permis d’économiser 60 mille euros.
La classe virtuelle est morte, vive la classe virtuelle !
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